martedì 14 luglio 2009

Que se passe-t-il dans le Xinjiang?

Domenico Losurdo

Vous vous souvenez de ce qui arrivait pendant les années de guerre froide, et surtout dans sa phase finale ? La presse occidentale n’avait de cesse d’agiter le thème des réfugiés qui fuyaient la dictature communiste pour conquérir leur liberté. Dans la seconde moitié des années 1970, après la défaite infligée au gouvernement fantoche de Saigon et aux troupes d’occupation étasuniennes, le Vietnam enfin réunifié était décrit comme une énorme prison, d’où s’enfuyaient désespérés les boat people, entassés sur des bateaux de fortune au péril de leur vie. Et, avec les variations dévolues à chaque cas, ce motif était récurrent à propos de Cuba, de la République Démocratique Allemande et de tout autre pays « excommunié » par le « monde libre ». Aujourd’hui, tout le monde peut constater à quel point, depuis les régions orientales de l’Allemagne, de Pologne, Roumanie, Albanie etc., malgré la liberté finalement conquise, le flux migratoire vers l’Occident continue voire s’accentue ultérieurement. Si ce n’est que ces migrants ne sont plus accueillis comme des combattants de la cause de la liberté, mais souvent repoussés comme des délinquants, du moins potentiels. Les modalités de la grande manipulation se révèlent à présent claires et évidentes : la fuite du Sud vers le Nord de la planète, de la zone moins développée (où se situait aussi le « camp socialiste ») vers la zone plus riche et développée, ce processus économique a été transfiguré par les idéologues de la guerre froide comme une entreprise politique et morale épique, exclusivement inspirée par le désir sublime d’atteindre la terre promise, à savoir le « monde libre ».
Une manipulation analogue est encours sous nos yeux. Comment expliquer les graves incidents qui en mars 2008 se sont déroulés au Tibet et qui, à une plus grande échelle, ont éclaté ces jours-ci au Xinjiang ? En Occident, la « grande » presse d’ « information » mais aussi la « petite » presse de « gauche » n’ont pas de doute : tout s’explique par la politique liberticide du gouvernement de Pékin. Et pourtant, un fait devrait nous faire réfléchir : le fait que la fureur des manifestants, bien plus que les institutions d’Etat, prenne pour cible les Hans, et surtout les magasins des Hans. Et pourtant, on peut lire sur n’importe quel livre d’histoire que dans le Sud-Est asiatique (dans des pays comme l’Indonésie, la Thaïlande, la Malaisie) la minorité chinoise, qui grâce souvent à son passé de culture d’entrepreneurs exerce un poids économique nettement supérieur à sa dimension démographique, est régulièrement « bouc émissaire et victime de véritables pogroms »[1]. Oui, dans le Sud-Est asiatique « la réussite économique des Hua qiao (des chinois d’outre-mer) s’est en effet accompagnée de jalousies, qui aboutissent régulièrement à des explosions de violence anti-chinoises qui viennent parfois troubler les relations diplomatiques. Ce fut le cas notamment en Malaisie, tout au long des années 1960, et en Indonésie en 1965, lorsque les troubles internes sont prétexte au massacre de plusieurs centaines de milliers de personnes. Trente ans plus tard, les émeutes qui entourent la chute du dictateur Suharto en Indonésie qui s’en prennent systématiquement à la communauté chinoise, viennent rappeler la fragilité de la situation»[2]. Ce n’est pas un hasard si la haine contre les Chinois a souvent été comparée à la haine contre les juifs.
Avec le développement extraordinaire que sont en train de connaître le Tibet et le Xinjiang, dans ces régions aussi tendent à se reproduire les pogroms contre les Hans, qui sont attirés par les nouvelles opportunités économiques et qui voient souvent leurs efforts couronnés de succès. Le Tibet et le Xinjiang attirent les Hans de la même façon que Pékin, Shangai et les villes les plus avancées de la Chine attirent les entrepreneurs et les techniciens occidentaux (ou Chinois d’outre-mer) : ceux-ci jouent souvent un rôle important dans des secteurs où ils peuvent encore faire valoir leur spécialisation supérieure. Cela n’a pas de sens d’expliquer les graves incidents au Tibet et au Xinjiang par la théorie de l’ « invasion » han, théorie qui ne fonctionne certes pas pour le Sud-Est asiatique. Par ailleurs, même en Italie et en Europe, la lutte contre l’ « invasion » est le cheval de bataille des xénophobes.

Mais revenons maintenant au Xinjiang. Voilà comment a été décrite la situation en cours, en 1999, sur la revue « Limes », par le général italien Fabio Mini : un extraordinaire développement est en cours et le gouvernement central chinois est engagé à « «financer, presque sans se préoccuper du retour sur investissement, d’immenses travaux d’infrastructure». A ce qu’il semble, le développement économique va de pair avec le respect de l’autonomie : «La police locale est composée pour la majeure partie de ouigours».
Malgré cela, l’agitation séparatiste ne manque pas, «partiellement financée par des extrémistes islamistes, comme les talibans afghans». Il s’agit d’un mouvement qui «se mêle à la délinquance commune», et qui se couvre d’«infamies». Les attentats semblent prendre d’abord pour cible les «ouigours tolérants ou "collaborateurs"», ou les «postes de police», contrôlés, comme nous l’avons vu par les ouigours. Dans tous les cas, concluait le général Mini, qui ne cachait pourtant pas ses sympathies géopolitiques pour la perspective séparatiste, «si les habitants du Xinjiang étaient appelés aujourd’hui à un referendum sur l'indépendance, ils voteraient probablement en majorité contre».
Et aujourd’hui ? Sur la « Stampa » Francesco Sisci écrit de Pékin : « De nombreux Hans d’Urumqi se plaignent des privilèges dont jouissent les ouigours. Ceux-ci, en effet, en tant que minorité nationale musulmane, à niveau égal, ont des conditions de travail et de vie bien meilleures que leurs collègues hans. Un ouigour a la permission, au bureau, d’interrompre plusieurs fois par jour son travail pour accomplir les cinq prières musulmanes traditionnelles quotidiennes […] Ils peuvent en outre ne pas travailler le vendredi, jour férié musulman. En théorie, ils devraient récupérer cette journée en travaillant le dimanche. Mais, de fait, le dimanche, les bureaux sont déserts […] Un autre aspect douloureux pour les Hans, soumis à la dure politique familiale qui impose encore l’enfant unique, est le fait que les ouigours peuvent avoir deux ou trois enfants. En tant que musulmans, ensuite, ils ont des allocations en plus de leur salaire, étant donné que, ne pouvant pas manger de porc, ils doivent se replier sur l’agneau, qui est plus cher ».
Cela n’as pas de sens, alors, comme le fait la propagande pro-impérialiste, d’accuser le gouvernement de Pékin de vouloir effacer l’identité nationale et religieuse des ouigours.

Evidemment, outre, d’un côté, le danger représenté par des minorités empoisonnées, dans certains secteurs, par le fondamentalisme, et d’un autre côté excitées par l’Occident, il faut ne pas oublier le danger du chauvinisme han, qui se fait aussi sentir ces jours-ci : et c’est un problème sur lequel le Parti communiste chinois a toujours attiré l’attention, de Mao Tsé Toung à Hu Jintao. Ceux qui, à gauche, sont enclins à transfigurer le séparatisme des Ouigours feraient bien de lire l’interview donnée, quelques semaines avant les derniers événements, par Rebiya Kadeer, la leader du mouvement séparatiste ouigour. Depuis son exil étasunien, parlant avec une journaliste italienne, voici comment s’exprime la dame susnommée : « Tu le vois, tu te comportes comme moi, tu as la même peau blanche que moi : tu es indoeuropéenne, tu voudrais être opprimée par un communiste à la peau jaune ? ». Comme on le voit, l’argument décisif n’est pas la condamnation de l’ « invasion » han et n’est même pas l’anticommunisme. Plutôt, la mythologie aryenne, ou « indoeuropéenne », exprime-t-elle toute sa répugnance pour les barbares à la « peau jaune ».

Domenico Losurdo

Références bibliographiques

Jean-Vincent Brisset, 2002
La Chine, une puissance encerclée ? PUF, Paris.

Jean-François Dufour, 1999
Géopolitique de la Chine, Complexe, Bruxelles.

Fabio Mini, 1999
Xinjiang o Turkestan orientale ?
(« Xinjiang ou Turkestan oriental ? »)
In « Limes. Rivista italiana di geopolitica », n° 1, p. 83-96.

Antonella Rampino, 2009
La leader dei turchi del Xinjiang : « La gentilezza ci sta uccidendo »,
( La leader des Tucs du Xinjiang : « la gentillesse est en train de nous tuer »)
in « La Stampa » du 8 mai, p. 21.

Francesco Scici, 2009
Perchè uno han non sproserà mai una uigura » (Pourquoi un han n’épousera jamais une ouigour)
in « La Stampa » du 8 juillet, p. 17


Reçu de l’auteur et traduit par Marie-Ange Patrizio.
L’article a été publié mardi 7 juillet en italien sur le site de Domenico Losurdo :
Che succede nello Xinjiang ?
http://www.domenicolosurdoblogxingjiang.blogspot.com/

[1] Brisset 2002, p. 68.
[2] Dufour 1999, pp. 106-7.

martedì 7 luglio 2009

Che succede nello Xinjiang?

Ricordate quello che avveniva negli anni della guerra fredda e soprattutto nella sua fase finale? La stampa occidentale non era mai stanca di agitare il tema dei profughi che fuggivano la dittatura comunista al fine di conquistare la libertà. Nella seconda metà degli anni ’70, dopo la disfatta subita dal governo fantoccio di Saigon e dalle truppe di occupazione Usa, il Vietnam finalmente riunificato veniva dipinto come un’enorme prigione, dalla quale fuggiva disperato, ammassato su mezzi di fortuna e rischiando la vita, il boat people. E, con le variazioni del caso, questo motivo veniva ripetuto a proposito di Cuba, della Repubblica Democratica Tedesca e di ogni altro paese scomunicato dal «mondo libero». Oggi, tutti possono vedere che dalle regioni orientali della Germania, dalla Polonia, Romania, Albania ecc., nonostante la libertà finalmente conquistata, il flusso migratorio verso l’Occidente continua e anzi si accentua ulteriormente. Solo che questi migranti non sono più accolti come combattenti per la causa della libertà, ma sono spesso respinti come delinquenti per lo meno potenziali. Le modalità della grande manipolazione risultano ora chiare e evidenti: la fuga dal Sud verso il Nord del pianeta, dall’area meno sviluppata (nell’ambito della quale si collocava anche il «campo socialista») verso l’area più sviluppata e più ricca, questo processo economico è stato trasfigurato dagli ideologi della guerra fredda come un’epica impresa politica e morale, esclusivamente ispirata dal sublime desiderio di raggiungere la terra promessa ovvero il «mondo libero».
Un’analoga manipolazione è in corso sotto i nostri occhi. Come spiegare i gravi incidenti che nel marzo 2008 si sono verificati in Tibet e che, su scala più larga, in questi giorni stanno divampando nello Xinjiang? In Occidente la «grande» stampa di «informazione» ma anche la «piccola» stampa di «sinistra» non hanno dubbi: tutto si spiega con la politica liberticida del governo di Pechino. Eppure, dovrebbe far riflettere il fatto che, più che le istituzioni statali, la furia dei manifestanti prende di mira gli han e soprattutto i negozi degli han. Eppure, su qualsiasi libro di storia si può leggere che nel Sud-Est asiatico (in paesi quali l’Indonesia, la Thailandia, la Malaysia) la minoranza cinese, che spesso grazie anche alla cultura imprenditoriale alle sue spalle esercita un peso economico nettamente superiore alla sua dimensione demografica, è regolarmente «il capro espiatorio e la vittima di veri e propri pogrom»[1]. Sì, nel Sud-est asiatico «la riuscita economica degli Hua qiao [dei cinesi d’oltremare] è accompagnata da gelosie che sfociano regolarmente in esplosioni di violenza anticinese, le quali finiscono talvolta col turbare le relazioni diplomatiche. Fu il caso in particolare della Malaysia nel corso degli anni ’60, dell’Indonesia nel 1965, allorché i disordini interni furono il pretesto per il massacro di diverse centinaia di migliaia di persone. Trent’anni più tardi, le sommosse che caratterizzarono in Indonesia la caduta del dittatore Suharto e che colpirono sistematicamente la comunità cinese, richiamarono di nuovo l’attenzione sulla fragilità della situazione»[2]. Non a caso, l’odio anticinese è stato spesso paragonato all’odio antiebraico.
Con lo straordinario sviluppo che stanno conoscendo il Tibet e lo Xinjiang, anche in queste regioni tendono a riprodursi i pogrom contro gli han, che sono attratti dalle nuove opportunità economiche e che spesso vedono i loro sforzi coronati dal successo. Il Tibet e lo Xinjiang attraggono gli han allo stesso modo in cui Pechino, Shanghai e le città più avanzate della Cina attraggono gli imprenditori e i tecnici occidentali (o cinesi d’oltremare), che spesso svolgono un ruolo rilevante in settori dove essi possono ancora far valere la loro superiore specializzazione. Non ha senso spiegare i gravi incidenti nel Tibet e nello Xinjiang, con la teoria dell’«invasione» han, una teoria che certo non funziona per il Sud-est asiatico. D’altro canto, anche in Italia e in Occidente la lotta contro l’«invasione» è il cavallo di battaglia degl xenofobi.
Ma ora concentriamoci sullo Xinjiang. Ecco in che modo nel 1999 la situazione vigente in questa regione è stata descritta sulla rivista «Limes» dal generale italiano Fabio Mini: è in corso uno straordinario sviluppo e il governo centrale cinese è impegnato a «finanziare, a ritorno quasi zero, immani opere infrastrutturali». A quanto pare, lo sviluppo economico va di pari passo col rispetto dell'autonomia: «La polizia locale è composta per massima parte da uiguri». Ciò nonostante, non manca l'agitazione separatista, «parzialmente finanziata da estremisti islamici, come i taliban afghani». Si tratta di un movimento che «si mescola con la delinquenza comune» e che si macchia di «nefandezze». Gli attentati sembrano prendere di mira in primo luogo gli «uiguri tolleranti o "collaborazionisti"» ovvero le «stazioni di polizia», controllate, come abbiamo visto, dagli uiguri. In ogni caso – concludeva il generale che pure non nascondeva le sue simpatie di natura geopolitica per la prospettiva separatista – «se gli abitanti dello Xinjiang fossero chiamati oggi a un referendum sull'indipendenza, probabilmente voterebbero in maggioranza contro»[3].
Naturalmente, assieme al pericolo rappresentato da minoranze per un verso avvelenate, in certi settori, dal fondamentalismo e per un altro verso aizzate dall’Occidente, occorre tener presente il pericolo dello sciovinismo han, che anche in questi giorni si fa sentire: ed è un problema su cui ha sempre richiamato l’attenzione il Partito comunista cinese, da Mao Zedong a Hu Jintao. Ma quanti a sinistra sono inclini a trasfigurare il separatismo degli uiguri farebbero bene a leggere l’intervista rilasciata, alcune settimane prima degli ultimi avvenimenti, da Rebiya Kadeer, la leader degli movimento separatista uiguro. Dal suo esilio statunitense, parlando con una giornalista italiana, la sullodata signora così si esprime: «Lo vedi, tu gesticoli come me, hai la mia stessa pelle bianca: sei indoeuropea, vorresti essere oppressa da un comunista con la pelle gialla?»[4]. Come si vede, l’argomento decisivo non è la condanna dell’«invasione» han e non è neppure l’anticomunismo. Piuttosto, la mitologia ariana, ovvero «indoeuropea», esprime tutta la sua ripugnanza per i barbari dalla «pelle gialla».

Domenico Losurdo







Riferimenti bibliografici

Jean-Vincent Brisset 2002
La Chine, une puissance encerclé?, Puf, Paris

Jean-François Dufour 1999
Géopolitique de la Chine, Complexe, Bruxelles

Fabio Mini 1999
Xinjiang o Turkestan orientale?, in «Limes. Rivista italiana di geopolitica», n. 1, pp. 83-96.

Antonella Rampino 2009La leader dei turchi del Xinjiang: «La gentilezza ci sta uccidendo», in «La Stampa» dell’8 maggio, p. 21.
[1] Brisset 2002, p. 68.
[2] Dufour 1999, pp. 106-7.
[3] Mini 1999.
[4] Rampino 2009, p. 21.